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Discours du trône: L’appel renouvelé au bon sens, à la fraternité et au dialogue !

Discours du trône: L’appel renouvelé au bon sens, à la fraternité et au dialogue !

Entretien Avec le Dr Said Laqabi professeur à la FPD, université Cadi Ayyad

À l’occasion du discours du Trône prononcé le 29 juillet 2025 par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, un volet crucial du message royal a retenu l’attention : l’appel renouvelé au bon sens, à la fraternité et au dialogue avec le peuple algérien. Pour décrypter les implications profondes de cette main tendue et en comprendre les ressorts historiques, géopolitiques et éthiques, l’Echo a interrogé le Dr Said Laqabi, professeur à la Faculté Polydisciplinaire de Safi, Université Cadi Ayyad.


ENTRETIEN AVEC LE DR SAID LAQABI

L’Echo: Dans son dernier discours du Trône, le Souverain a pris soin de s’adresser non pas à l’État algérien, mais au peuple algérien. Quelle signification donnez-vous à ce choix de vocabulaire ?

Dr Said Laqabi : Ce n’est nullement un détail sémantique. C’est un choix discursif hautement stratégique et éthique. En s’adressant au peuple algérien plutôt qu’au régime, le Roi rappelle la permanence de la fraternité entre les deux peuples, au-delà des soubresauts conjoncturels du pouvoir algérien. Ce cadrage fait écho à une constante marocaine : la profondeur historique et la primauté de l’humain sur les contingences idéologiques. C’est aussi une manière subtile de délégitimer la junte au pouvoir depuis 1962, responsable de la confiscation de l’avenir du peuple algérien.


L’Echo : Comment analysez-vous la nature de la main tendue exprimée par le Roi ? Est-ce un appel classique à la réconciliation ou un message d’une autre portée ?

Dr Said Laqabi : C’est bien plus qu’un geste diplomatique. C’est un acte de sagesse politique et d’éthique étatique. Le Roi réitère son appel au dialogue, sans conditions ni tabous, avec une mansuétude renouvelée. Il propose une sortie de crise non pas dans un rapport de force, mais à travers le bon sens, la raison, et une vision partagée de l’avenir. Ce discours conjugue grandeur morale et intelligence stratégique : il n’y a ni arrogance ni volonté de domination, juste la conviction que le destin des deux peuples est lié, qu’on le veuille ou non.


L’Echo : Le discours évoque implicitement l’échec du projet algérien autour du dossier du Sahara. Le Maroc semble en position de force diplomatique. Pourquoi choisir la voie de l’apaisement ?

Dr Said Laqabi : Justement parce que le Maroc est en position de force. Quand on a la confiance de plus de 30 pays africains qui ont ouvert des consulats à Laâyoune et Dakhla, et le soutien affiché de puissances comme les États-Unis, la France et le Royaume-Uni au plan d’autonomie, on peut se permettre de tendre la main sans se renier. C’est ce qu’on appelle la grandeur : ne pas humilier l’autre, même lorsqu’il vacille. Le Roi agit en homme d’État et non en tacticien à courte vue.


L’Echo : On observe néanmoins une agressivité persistante du régime algérien et de ses relais médiatiques envers le Maroc. À quoi l’attribuez-vous ?

Dr Said Laqabi : C’est le symptôme d’un complexe d’infériorité profond, entretenu par une élite militaro-sécuritaire qui a échoué à construire un État prospère et légitime. L’hostilité envers le Maroc sert de dérivatif à l’impasse interne. Cette haine s’exprime par des campagnes de désinformation, la falsification du patrimoine, le soutien inconditionnel aux séparatistes du Polisario… Autant de signes de fébrilité, d’autant plus marqués que le régime algérien pressent l’effritement de son socle idéologique.


L’Echo : En conclusion, le discours royal invite l’Algérie à faire preuve de « bon sens ». Cette formule vous semble-t-elle naïve, ou au contraire profondément politique ?

Dr Said Laqabi : Elle est tout sauf naïve. C’est un appel cartésien, presque philosophique, à retrouver la raison partagée, à sortir du pathos belliqueux pour construire une paix durable. Le Maroc n’a rien à prouver : il avance, il bâtit, il coorganise la Coupe du monde 2030. Il offre à l’Algérie une issue honorable. Le Roi ne cherche ni à humilier, ni à vaincre, mais à construire. C’est un geste de magnanimité rare, et peut-être le dernier avant que l’Histoire ne tranche.

Réalisé par Mohamed LOKHNATI


 

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