Doukkala: L’air, comme la vie, nous appartient : C’est un acte délictueux de le compromettre !
Reportage réalisé par Abdelkrim Mouhoub
Au moment où nous pouvons, nous autres confinés à Sidi Bennour et les environs, à respirer de l’air à pleins poumons pour décongestionner nos poumons, et partant pouvoir nous délecter d’un ciel clair le jour, et excellemment constellé le soir, voilà qui vient nous gâcher la fête en pleine préparation à un déconfinement dans les règles, et dans la liesse collective. Ce n’est pas que la chose nous fait peur, non, elle nous fait vachement mal ! Et pour cause.
En effet, « Si l’air que nous respirons nous appartient, il est de notre droit de décrier tout acte malveillant qui vienne nous le pomper, notre air », nous déclare derrière sa bavette Saïd, un quinquagénaire dont la carrure athlète en dit beaucoup sur sa vie de laboureur, ajoutant que « depuis que cette entité de la COSUMAR s’est installée à Sidi Bennour, le taux des maladies respiratoires ne fait, à ce que je sache, qu’augmenter, et les plus forts voient leur santé s’écrouler comme un édifice auquel on enlève la pierre de base. » Ce qui illustre bien le propos, nous confie cette dame qui n’a pas hésité à taxer la sucrerie et la joutya de tous les malheurs, surtout en cette période, d’abord de chaleur, puis du confinement, du confinement sanitaire. « Ecoute-moi A Oulidi, nous sommes condamnés à être acculés à être à la merci de toutes les émanations nauséabondes et suffocantes; on nous gratifie, sans vergogne, impitoyablement et en toute impunité de l’amer, de l’aigre, du caramélisé, du brûlon; tout ça avec des nuages de fumée dense 24 sur 25 : la fumée blanche nous vient du côté de la Sucrerie au nord de la ville, de la Joutya, au sud, la fumée noire.
Les agents polluant l’atmosphère de la ville sont là pour attester que l’impact destructeur et de surcroît pathogène, est on ne peut plus préjudiciable. En effet et d’abord, l’état des terrasses en est la preuve tangible, formelle, matérielle. « Si vous risquez, par oubli ou par inadvertance, votre linge la nuit, sachez que vous l’aurez le matin sciemment constellé de points noirs collants », nous fait part la mère de Youssef, qui prend son fils à témoin quand la colère aurait failli tourner au drame suite à l’état de son tee-shirt, s’il n’y avait la perspicacité de cette dame. « Vous savez que nous aimons veiller, nous les jeunes, confinement et ramadan obligent, et, dormir sur la terrasse est, par-dessus le marché, amusant pour nous car ça nous arrange de nous lever une fois que le soleil est là. Attendez je n’ai pas tout dit. Nous allons nous voir à la glace, ah ! la vache ! qu’est-ce que nous découvrons ? Des particules noires extrêmement ténues, des particules qui collent, parsemées, sur les joues, autour des yeux, aux coins de la bouche, partout, quoi ! Tiens ! Et Dieu sait combien en avons-nous inhalé et avalé surtout pour un de mes amis qui ne peut roupiller sans avoir la bouche ouverte, la bouche grande-ouverte. »
Par ailleurs, « combien de nos enfants sont asthmatiques ! Nous qui recevions des cas d’asthme pour pouvoir récupérer et revivre normalement, nous voilà soumis sans merci à un rituel préjudiciable à notre santé, nous qui sommes réputés être toujours bien portants vis-à-vis de nos concitoyens. Et l’histoire et les anecdotes ne manquent pas pour le rappeler à tout entendeur. », argue SsiM’barek, un pur produit de Sidi Bennour. « Nos malades n’arrivent pas à comprendre, alors qu’on leur inculque que doukkali rime avec le bien portant ! Ils avalent difficilement ce qui leur arrive ! », s’exclame Badr, ce jeune qui n’a pas hésité à déclamer avec vigueur sa colère, ajoutant : « Cette gangrène insidieuse ne doit en aucun cas perdurer, d’autant plus que les responsables de tous bords seraient pertinemment conscients de l’effet cocktail dont les diverses émanations nous gratifient. Ne seraient-ils pas en mesure de mettre le holà à cette situation non souhaitée ? Ne seraient-ils pas habilitésà intervenir pour mettre un bémol à cet abus insensé et conséquemment préjudiciable ? ». En somme, l’appel à la mobilisation des responsables est là. Comme nous saluons bien haut les autorités locales de leur abnégation, de leur dévouement à la nation, en ces temps de confinement, il serait de notre devoir de leur faire part de notre soutien. Cependant, nous tenons à les avertir du danger dont il faudrait prémunir les habitants de cette ville, lesquels habitants comptent beaucoup sur leur intelligence.