
*Entretien exclusif avec <<Zaid Bros>>: Innover pour un avenir musical durable et inclusif*
Dans un paysage musical marocain en pleine mutation, marqué par les défis techniques et la quête d’autonomie artistique, Zaid Bros s’impose comme un acteur visionnaire. Fondée par les frères Ahmed et Mohammed Zaid, cette entreprise culturelle allie innovation technologique, formation de talents et valorisation du patrimoine. À travers une approche globale mêlant éducation, production et entrepreneuriat, ils tracent la voie vers une industrie musicale plus équitable, moderne et connectée. L’ECHO les a rencontrés.
-L’ECHO: Pouvez-vous nous présenter Zaid Bros et votre parcours ?
Ahmed Zaid : Zaid Bros est une entreprise culturelle innovante basée au Maroc, spécialisée dans la production musicale, l’éducation artistique et le développement de talents émergents. Mon frère Mohammed Zaid et moi avons fondé cette structure avec pour ambition de faire émerger une nouvelle génération d’artistes professionnels, ancrés dans leur patrimoine mais résolument tournés vers l’avenir. Mon parcours de producteur, arrangeur et ingénieur du son formé à Berklee College of Music m’a permis d’allier expertise internationale et enracinement local.
-L’ECHO : Quelle est la mission que vous vous êtes donnée à travers Zaid Bros ?
Mohammed Zaid : Notre mission est avant tout de démocratiser l’accès à une production musicale de haute qualité. Nous souhaitons former des artistes autonomes et bâtir un écosystème artistique durable. C’est ce que nous faisons à travers des projets comme Rec21, Live21, Max Artiste ou encore nos programmes éducatifs en ligne. Nous accompagnons les artistes à chaque étape de leur parcours : de la création à la diffusion.
-L’ECHO : Vous parlez d’un écosystème durable, mais quelles sont les réalités actuelles du secteur au Maroc ?
Ahmed Zaid : Le vrai frein ne réside pas tant dans la démarche commerciale que dans un important retard structurel : le Maroc souffre d’un manque de compétences dans les métiers techniques de la musique. Nous manquons cruellement d’ingénieurs du son et de techniciens spécialisés. Certes, le secteur de l’enregistrement se développe, mais il reste freiné par les faiblesses de la production artistique locale. Aujourd’hui, pour survivre et amortir leurs investissements, les studios misent principalement sur des revenus annexes comme les habillages sonores, la musique libre de droit, les voix off, ou encore les musiques pour la publicité et le cinéma — ces activités représentent près de 80 % de leur chiffre d’affaires.
-L’ECHO : Quelle est votre vision de l’avenir de l’industrie musicale ?
Mohammed Zaid : Nous croyons que l’avenir repose sur l’alliance entre la tradition artistique et l’innovation technologique. L’intelligence artificielle permettra d’assister les compositeurs, d’accélérer la création, et de personnaliser l’apprentissage. Nous nous dirigeons vers un modèle où les artistes seront des entrepreneurs créatifs, capables de produire et diffuser leur musique de manière indépendante grâce aux outils numériques et à la décentralisation via la blockchain et le Web3.
-L’ECHO : Comment concrétisez-vous cette vision ?
Ahmed Zaid : Nous développons une école de musique moderne axée sur la création, la production, le business musical et la technologie. Elle s’accompagne d’un studio physique et virtuel, et d’un programme de formation progressif, accessible à tous les niveaux. Nous offrons également des services professionnels (mixage, mastering, coaching…) à des tarifs adaptés au contexte local. Nous croyons en une scène marocaine forte, capable de rayonner à l’international.
-L’ECHO : Comment voyez-vous l’avenir de cette industrie au Maroc et en Afrique ?
Mohammed Zaid : Nous imaginons une industrie musicale plus libre, plus connectée, plus humaine. Une industrie où les artistes marocains et africains peuvent vivre de leur art, collaborer sans frontières, et faire entendre leur voix dans le monde entier. Une industrie où la technologie est au service de la création
Entretien réalisé par
Mohamed LOKHNATI