Invitation à “Plaidoyer pour les Arabes“
Invitation à ‘Plaidoyer pour les Arabes
Par Eric Bendahou
Que dire d’une soirée digne d’une émission culturelle qu’on aimerait souvent regarder. Il y a de quoi être fier et surtout quand cela se passe dans la résidence de la Représentation permanente d’un pays reconnu présent pour être neutre.
Quel accueil de simplicité et de marocanité par son excellence M. l’Ambassadeur et sa compagne.
De quoi s’agit-il exactement, c’est l’histoire d’une rencontre imprévue entre l’Ambassadeur de Suisse et Fouad Laroui. De cette rencontre naquit cette invitation à une soirée littéraire à la Résidence de la Suisse dans laquelle Fouad Laroui et M. l’ambassadeur ont lu quelques extraits choisis de son nouvel essai Plaidoyer pour les Arabes .
Nous étions surpris et impressionnés que M. L’Ambassadeur soit un fan et connaisse les livres de Fouad, l’écrivain, économiste et ingénieur marocain.
Vous me diriez et alors ! je vous répondrai qu’à travers cette surprenante et magnifique soirée pour ceux qui n’ont pas lu ce livre, les différents passages nous livrent un plaidoyer pour une vision décloisonnée avec une érudition délicieuse qui donne envie de lire les références citées.
Fouad a essayé de rétablir une vérité dans l’objectif de réintégrer l’apport des penseurs arabes dans l’histoire de la pensée universelle et corriger l’ignorance de l’Occident vis-à-vis des Arabes.
Un extrait illustre bien la pensée de Fouad Laroui: « En 1884, Gustave Le Bon écrivait : Au point de vue des civilisations, bien peu de peuples ont dépassé les Arabes. Du VIIe au XIIIe siècle, la civilisation arabe a été en avance sur toutes les autres, innovant dans tous les domaines. Mais, par ignorance, racisme ou ethnocentrisme, ces avancées sont aujourd’hui niées ou minimisées. Ainsi s’est creusé ce profond fossé entre l’Occident et les Arabes qui nourrit aujourd’hui la méfiance, le ressentiment et l’incompréhension réciproque.
Ce plaidoyer appuie les écrits d’Edward Said qui a bien montré comment une certaine image de l’Orient a été bâtie au XIXe siècle par les arts et la littérature et par d’autres moyens, et que cela a servi à justifier qu’il soit conquis, soumis, colonisé. »
Mais peu importe, ce qui nous a réuni pour participer à cette lecture bicéphale et originale, c’est que nous les Arabes et en particulier les Marocains, francisants ou non, (Peut- on espérer un jour que ce livre soit traduit en plusieurs langues pour nous rendre justice, sic), nous devons prendre conscience de notre capital scientifique, culturel et littéraire qui a toujours existé.
Comment ne pas être fier quand on apprend que parmi les élèves ayant passé le concours écrit de l’Ecole polytechnique au Maroc cette année, 38 sont admissibles, dont 6 filles. Les élèves des prépas du lycée d’excellence de Benguerir, Lydex, cartonnent toujours avec 25 admissibles. Ils sont suivis de ceux de la prépa privée Zahraoui à Rabat (4), et de ceux des classes préparatoires aux grandes écoles des lycées Mohammed V de Casablanca (3), Ibn Timiya de Marrakech (2), Moulay Youssef de Rabat (2), Moulay Driss de Fès (1) et Ibn Ghazi de Rabat (1).
L’Université de Benguerir et d’autres lycées donnent naissance à des jeunes pousses qui nous font honneur par leur intelligence .
En tout, 419 élèves du Lycée d’excellence de Benguerir sont admis dans les grandes écoles françaises : 25 à l’École polytechnique (l’« X »), 34 à l’École normale supérieure (ENS), 73 au Concours Commun Mines-Ponts, 121 à Centrale Supélec et 166 au Concours commun des instituts nationaux polytechniques (CCINP).
Un des exemples vivants, les deux étudiants marocains Issam Tauil et Aymen Echarghaoui ont remporté deux médailles d’or au Concourt International de mathématiques (IMC).
Les deux étudiants à l’école Polytechnique de Paris et la bosse des maths ont intégré à leur ADN l’excellence et le génie… Le concours est supervisé par le Ministère Français de la défense.
Un autre exemple, celui de Miriam Elkhatri qui gagne les olympiades de mathématiques en Afrique du Sud.
Il serait intéressant de démultiplier ces exemples non seulement en maths, mais aussi dans le numérique, les sciences physiques, chimie, sociologie, l’économie etc… (voir en annexe Palmarès des Prépas)
Combien de jeunes ont besoin de mettre en valeur leur potentiel enfoui sans pouvoir l’exploiter.
Alors cette lecture nous a réconforté et nous a montré qu’en dehors des problèmes que vivent les Arabes aujourd’hui, il n’y pas de place à la complainte mais au développement d’un enseignement appuyé aux jeunes à fort potentiel quelque soit leur origine sociale.
Il serait judicieux de généraliser une matière qui serait d’un appui important à nos jeunes pour être ouverts au monde par des connaissances générales et le savoir être, comme le cours Open Mind.
L’analyse fine des annexes confirme cette suggestion.
Il n’ y a pas de raison qu’on ait tout perdu. C’est par le savoir de nos élèves encouragés, par nos élites et notre culture du savoir qu’on réussira.
Il est vrai que si nos entreprises, nos institutions, nos associations, nos enseignants faisaient de cet objectif leur combat de la richesse dans tous les domaines , on verrait la lumière nous faire signe, à l’instar de certains lycées, de certaines universités et d’associations Math Maroc .
Ah !, une bonne nouvelle vient de tomber : Mohamed Mbougar Sarr pour «La plus secrète mémoire des hommes» (Ed. Philippe Rey), vient de recevoir le plus prestigieux prix littéraire français, le Goncourt. L’heure du renouveau et de la consécration a sonné.
Le rayonnement reviendrait peut être malgré la pollution diffusée par certaines entreprises politiques qui ont pour programme le racisme et la méfiance.
Oh ! j’ai oublié un détail, M . l’Ambassadeur nous relaté un fait qu’il a vécu et dont il semblait fier. Dans une librairie à Neuchâtel, à la recherche du dernier livre de Fouad , il le trouva à côté du livre d’Obama, sur un rayon des meilleurs livres politiques (à méditer).
Bref, j’invite toutes les Ambassadeurs à être le relai dans leur pays de cette pensée positive et à rétablir le dialogue pour démystifier les incompréhensions racistes et populistes.
Car vivre ensemble n’est pas vivre à côté les uns des autres. Le dialogue par la culture est le meilleur véhicule de la saine pensée.
Ensemble nous pouvons encore montrer notre bout du nez du savoir et des connaissances par une nouvelle vague de jeunes humanistes, intellectuels, artistes , technocrates, etc.
Merci à vous deux, Monsieur l’Ambassadeur et Fouad Laroui, de nous avoir fait vivre un rêve historique que nous souhaitons quand on se réveille devienne non pas réalité mais évidence.
Faisons ensemble que la place de notre culture aidée par le nouveau mode d’enseignement enrichisse tout gisement en chaque jeune marocaine, marocain .
Ce livre m’ a donné l’espoir et j’espère que M. Fouad Laroui nous gratifiera d’une suite pour que notre espoir dure.
Avant de terminer, en discutant avec un ami qui est ingénieur à l’ OCP, autour d’un verre d’amitié sur l’avenir des jeunes au Maroc, et il me conta une histoire qu’il a eu lors de ses classes de Prépa.
Un élève qui suivait le même cycle que lui ne fut pas pris après une année, alors qu’il était très brillant dans les matières scientifiques, avec un savoir culturel assez impressionnant en arabe, mais malheureusement les matières autres comme l’histoire en français ont eu raison de lui.
Dernièrement notre même ingénieur le rencontra à Paris Place de la Concorde, très épanoui et plein de réussite dans les affaires.
La morale, c’est que la langue dans le pays où l’on étudie est nécessaire.
Ce qui compte finalement c’est d’avoir les conditions favorables pour réussir et la volonté de créer, transmettre et donner.
Albert Einstein a dit…
« L’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialistes.
La valeur de l’homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir. »
Pour terminer par une note sympathique et délicieuse, nous avons dégusté une succulente raclette à base de fromages Suisses.