CULTURE

Une question dans le cinéma marocain pour le réalisateur Hicham Lasri « 

Une question dans le cinéma marocain pour le réalisateur Hicham Lasri  « 

Réalisé par : Abderrahim ECHCHAFII – journaliste – chercheur en études cinématographiques – assistant réalisateur

Bienvenue à l’invité d’honneur, le réalisateur marocain  Hicham Lasri , réalisateur du film  »  C’est eux les chiens  « . Au début, présentez-vous aux lecteurs?

Mon nom c’est Hicham Lasri, casablancais, artiste conceptuel maintenant de mode de vie, cette année je l’ai consacré à travailler sur des romans, j’ai sorti deux romans ; la probable fable de lady BobbleHead, et L’effet Lucifer.

La prochaine année je vais la consacrer pour la music, je suis en train de travailler sur des morceaux de music pour faire un album , il faut savoir que savoir que j’ai déjà produit, et quand je dis produit ; c’est écrire, développer, et travailler avec des musiciens pour sortir une chanson qui s’appelle (leb3abe3) qui est disponible sur internet, donc voilà c’est un projet artistique pour 2022, avant j’ai fait un certain nombre de long métrages, des pièces de théâtres, des bandes dessinées, et d’expositions aussi, bref on va dire que je suis un artiste conceptuel dans le sens que je raconte des histoires à travers plusieurs médias.

Combien de films avez-vous réalisé ?

Là je suis en train de finaliser mon 7éme long-métrage qui s’appelle le (Haych mayche Force Drama), c’est un film un peu hybride, avec personnage principal c’est Fedwa Taleb, qui joue en fait une nana dans ces trentaines qui galère dans les rues de Casablanca, c’est la pire journée de sa vie, elle découvre que pendant toute sa vie elle a été exploitée et utilisée soit par sa famille, son fiancé, et la société etc… Et donc de cette charge de colère et durant cette journée un peu épique elle va essaier de trouver un sens pour sa

 

D’où vous est venue l’idée de votre premier film ?

En fait moi j’étais toujours un écrivain, depuis mes 16ans, j’ai commencé à écrire à développer des nouvelles, des bandes dessinées, du théâtre aussi, des choses comme ça !

Et avec l’idée de commencer de réfléchir pour le cinéma ; parce que j’ai été toujours un cinéphile depuis ma tendre enfance, à travers des émissions de ali hassan, à travers le VHS, en gros y’a toute une culture qui est un petit peu oubliée maintenant, mais qui était fondatrice pour nous, surtout la lecture et tous les livres que j’ai dévoré quand j’étais gamin à propos du cinéma et du making-off, même de philosophie et des écrits théoriques sur le cinéma etc.

Après mon premier film qui s’appelle (the end), c’est un film sur lequel j’ai beaucoup travaillé, parce que j’avais besoin d’inventer une identité cinématographique, c’est à dire en tant que court-métragsite c’était sympa, d’en faire, de voyager, et d’exister, mais ma vraie deuxième naissance c’est quand j’ai fait mon premier long métrage, et c’était extrêmement difficile et douloureux, parce que il fallait exister différemment, et avec singularité.

Voilà c’est une naissance et comme tous les naissances il faut un petit peu souffrir.

Parlez-nous de votre étude et du sujet de votre recherche? Est-il nécessaire d’étudier le cinéma pour devenir réalisateur ?

La question des études et est-ce que je dois faire une école de cinéma ?Quand j’avais mes 18 ans, 19 ans, le problème c’est que à cette époque-là, y’avait pas ce genre de école au Maroc, y’avait que des centres, et ça ne m’intéressait pas, et moi en fait j’avais la chance d’être vraiment soutenu par la France et par la francophonie, pour des résidence pour la cité des arts, pour apprendre des choses, j’ai eu la chance d’aller à la Fémis pour une duréede 3 mois, et c’est là ou j’ai découvert que ça m’intéressait pas d’étudier le cinéma, parce que qu’on en étudie, ils nous faisaient formaté par les cours qu’on reçoit, ou par les devoirs qu’on doit livrer, et que malheureusement les écoles de cinéma sortent de grands techniciens mais rarement de grands cinéastes, donc j’ai préféré le (Hard Way), et j’ai commencé à travailler avec des scénaristes et des réalisateurs, et c’est comme ça que j’ai appris d’une maniéré un peu pragmatique et en même temps personnel ; parce que la force de la cinéma c’est la singularité et le coté personnel, la chose qu’on peut pas apprendre dans une école, même si qu’une école ça aide vraiment à avancer dans la vie, mais bon j’avais la chance de rencontrer très vite des gens important qui m’ont permet d’accéder au métier et faire mes premiers court et long métrage etc

La majorité des films internationaux qui remportent des Oscars, dans lesquels le réalisateur est le même que le scénariste, et en tant que réalisateur et scénariste, quelle est la raison du succès de ces films ? Avez-vous tendance à cette dualité dans la réalisation de vos films ?

Oui en fait je pense que y’a deux notions dans le cinéma, y’a le cinéma un peu plus collectif dont on trouve un réalisateur, un scénariste, et un producteur, etc., et y’a bien sur un autre cinéma qu’on appelle le cinéma d’auteur ou en fait le cinéaste est le porteur d’une vision et généralement c’est lui qui écrit le scénario, ça ne veut pas dire qu’il écrit seule, bien sûr qu’il peut l’écrire avec une autre personne, mais ce n’est pas le même type de cinéma, c’est-à-dire y’a un cinéma qui est un peu dans le mainstream accessible à tout le monde, exemple cinéma américain, égyptien, ou indien ; c’est fait pour la masse, y’a très peu de choses qui sortent de l’ordinaire, on est dans des registres comme l’action, la comédie, l’horreur, etc.. Mais à côté y’a un autre cinéma, le cinéma d’auteur qui explore un peu plus les intériorités de la personne, qui propose des visions différentes du monde, et qui est pour moi le cinéma le plus intéressant, clairement !

Moi j’ai écrit les scénarios de tous mes films mais dans mes prochains films je vais commencé à essayer de travailler avec d’autres scénaristes, pour enrichir ma vision, et assurer aussi la rapidité dans le travail, parce que quand je le fait moi-même avec mon producteur parfois ça prend plus de temps, mais si on travail d’une manière un peu plus scientifique plus empirique avec un autre scénariste ; si on s’aime bien (on se complète), ça peut être très bien, et moi personnellement j’ai pas de souci avec ça, parce que pour moi ce n’est pas une question d’ego, car le nécessaire à la fin  c’est que le film tient la route, qu’il soit construit et fidèle à la vision de base.

Je pense que y’a autant de mauvais films d’auteur que de mauvais film de mainstream, il ne faut pas se tromper, ce n’est pas parce que on a écrit un scénario ; que ça signifie, qu’on est bon, la question des films qui ont des oscars ou pas est une question un peu anecdotique, parce que y’a des films qui ont eu d’oscars est qui ne sont pas terrible et d’autres qui ont eu des oscars et qui sont extraordinaires.

Il faut toujours se rappeler que un mec comme Stanley Kubrick n’a jamais eu d’oscar ni au tant que auteur ni scénariste, on lui a toujours attribué des oscars technique soit au niveau des costumes ou les effets spéciaux, un mec comme Alfred Hitchcock est dans le même cas de figure, il faut toujours différencier deux choses importantes actuellement ; ce n’est pas parce que c’est populaire alors c’est pertinent, et ne jamais oublier la leçon de Amadeus le film de Miloš Forman qui parle de la place de Salieri et la place de Mozart, je laisse au cinéphile le loisir de découvrir le sens profond de ce film et ce qu’il signifie dans une époque actuelle ou on est entouré par des influenceurs, par des gens qui n’ont aucun talent et qui sont célèbres à travers les réseaux sociaux, honnêtement je ne sais même pas pourquoi ils sont connus !Ils ne sont ni chanteurs ni comédiens ni artistes mais ils sont connus parce que c’est l’époque qui veut ça, y’a quelque chose de Nietzsche dans l’époque c’est-à-dire la question de surhomme se pose, est quand on parle du surhomme on parle du sous-homme aussi.

Parlez-nous de votre dernier film?

Le dernier film dont lequel je travail s’appelle (haychmaiche force drama), c’est un film qui est très particulier pour moi, parce que c’est une comédie franche mais en même temps c’est une comédie noire, un peu d’auteur, avec une idée de western spaghetti, avec un personnage féminin fort, un hommage à John Cassavetes et à Gena Rowlands, et qui se passe à Casablanca, un peu underground, un peu borderline, des personnages qui sont complètement baroques, y’a un côté un peu affreux, sale, et mèchent, et je pense que c’est un film qui va permettre à un plus large public de comprendre un peu plus mon travail ou de y’accéder, donc on va voir, c’est aussi un peu l’adaptation du personnage (bissara overdose) en long-métrage, mais en essayant cette fois d’expliquer dans quel contexte il vit, et aussi parce que moi ça m’intéresse beaucoup les nouvelles écritures ; le digital etc.. ça m’a toujours intéressé depuis que j’ai commencé à faire (non vaseline fatwa), comment faire des portraits psychologique avec des personnages comme ça, raconter des choses très dur mais aussi ironique sur notre pays et le rendre accessible à tout le mondem’atoujours fasciné, il faut savoir que (bissara overdose) et (non vaseline fatwa) c’est des web-séries qui ont cartonné, montré un peu partout dans le monde, et sous-titré, parce que c’était un phénomène.

Donc voilà c’est ça le film en gros et bientôt il sera accessible au public.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être réalisateur ? Quelles sont les difficultés du réalisateur au Maroc ?

Pour moi c’est tout d’abord, un mode de vie, ce n’est pas comme les autres métiers, c’est quelque chose qui nous habite, je ne peux pas dire une passion parce que ça fait hobby quand on parle de passion, y’a un besoin profond de raconter des histoires, c’est un besoin humain, c’est depuis toujours ; on a besoin de raconter des histoires par ce que on a besoin de se remplir d’autre chose que de nous-même.

C’est un travail de recherche comme toujours, c’est un travail de dépassement de soi et de rigueur, les difficultés c’est qu’on est parfois face à des personnes médiocres qui ne comprennent pas des censeurs et des imposteurs, que ça soit dans les commissions CCM, y’a plein de gens qu’on sait pas ce qu’ils font, des écrivains qui pensent qu’ils peuvent lire des scénarios, bref plein de gens qui sont là, comme des parasites de cinéma marocain, et bien sûr aussi les autres difficultés ; le soleil ne se lève pas, le camera ne marche pas mais ça c’est plus gérable et supportable.

La crise du cinéma marocain en un mot ?

Il faut réfléchir le cinéma marocain comme un soft power, et ne pas comme une menace social, parce que moi je pense que y’a beaucoup de gens qui s’occupent de cinéma au Maroc et ils ne prennent plus comme des menaces, c’est-à-dire des gens qui peuvent dire des choses qui peuvent déranger et perturber, plutôt que nous prendre comme des leviers de se soft power, comment élever l’image du pays dans le monde ? C’est notre métier en fait.

A chaque fois qu’un film marocain va quelque part automatiquement il représente le Maroc, et on espéretoujours qu’il soit représenté de la belle des manières, il faut imagier le cinéma comme le foot car on a envie qu’on gagne, on a envie de se donner les moyen de gagner, et il faut tout faire pour gagner, le foot aussi souffre d’un peu de corruption, de (Zabounia), d’un peu de ce genre de connerie, sauf qu’au cinéma c’est plus violant, parfois c’est très mafieux, en gros des imposteurs qui sont là dans des commissions, les Moubarak Rabi, les Mohamed Laaroussi, en fait des gens qui servent à rien, mais qui sont là en train d’empêcher, et de tourner en rond littéralement de tourner en rond.

Pour moi le problème c’est humain, et aussi éditoriale, c’est-à-dire qu’est-ce qu’on veut faire de cinéma ? Et il faut qu’on arrête de penser que le cinéma est une menace pour le pays, mais une maniéré de faire exister le pays ailleurs indirectement.

De votre point de vue, en tant que réalisateur, scénariste, romancier et dessinateur comment voyez-vous la scène du cinéma au Maroc de votre point de vue ?

Moi je pense qu’il faut libérer, il faut ouvrir les vannes, laisser les gens s’exprimer, c’est comme en music, c’est parce que on est libre qu’on peut créer, oui y’a la mythologie qui dit que c’est la censure qui fait la force d’un certain cinéma, mais moi j’estime que les gens sont plus dans l’auto censure parce que on n’a pas de vrai censure au Maroc, on ne peut pas se comparer à l’Iran ou j’ai été et j’ai présenté mes films, il fallait que je passe devant une commission militaire afin de donner un certificat de moins de 18ans ou 16ans, donc il faut profiter du fait qu’on est un pays pas très conservateur, un pays quand même peace, et il faut qu’on fasse des film qui nous correspond qui nous ressemble, et non pas des films qui reflètent une certain dissociation de personnalité post PJDISTE et post mauvaise gérance administratif etc..

Quel est le rôle des ciné-clubs au Maroc ?

Le rôle de ciné-club, moi je pense qu’on est dans un autre monde, une autre époque, et le ciné-club doit ré envisager sa place différemment, d’une manière plus vintage, ça doit être des clubs ou on se rencontre pour parler de cinéma, pour transmettre, pour regarder des films ensemble, et pour en parler, en gros un truc moins politique, mais plus orienter social et soft power, même que moi je ne fais pas forcément partie de la génération ciné-club, ça c’est un peu avant que je sois cinéphile et capable de sortir de chez moi et rencontrer d’autres personnes etc..

Mais en gros il faudra le ré envisager comme un lieu de réflexion, comme un espace ou on peut partager, ça peut se passeraussi sur internet, les gens aujourd’hui peuvent se rassembler sur les réseaux et voir un film ensemble sans être forcément dans le même espace et parler directement.  

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Mohamed LOKHNATI

- lokhnati.map@gmail.com - GSM:0649484549

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