Association Doukkala: L’humanisation du système pénitentiaire à travers un iftar solidaire

Association Doukkala
L’humanisation du système pénitentiaire à travers un iftar solidaire
En cette nuit bénie de Laylat al-Qadr, où le ciel se fait plus proche des hommes, les murs de la prison d’El Jadida se sont ouverts à une lumière particulière.
Le jeudi 27 mars 2025, dans une alchimie rare entre rigueur administrative et élan humanitaire, l’établissement pénitentiaire et l’association Doukkala ont conjuré la fatalité carcérale en offrant aux jeunes détenus un iftar qui dépasse la simple rupture du jeûne.
La scène, digne d’une parabole moderne, réunissait autour de la nappe commune magistrats spécialisés en justice juvénile, membres éminents du Conseil scientifique local et travailleurs sociaux, tous unis dans cette célébration de la dignité humaine. Les mets préparés avec soin, les mélopées sacrées du Samâa et du Madih, chaque détail concourait à élever ce moment au rang d’acte politique – une politique de la rédemption.
Cette initiative s’ancre dans une mutation profonde de la philosophie pénitentiaire marocaine. La détention y est repensée comme un intervalle nécessaire mais fécond, où se prépare méthodiquement le retour à la société civile. L’association Doukkala y apporte son expertise subtile, tissant entre urgence humanitaire, formation intellectuelle et accompagnement post-carcéral un filet de sécurité sociale aussi discret qu’efficace.
Ce second iftar – après celui réservé aux femmes détenues – dessine les contours d’une justice nouvelle. Une justice qui, sans renoncer à sa fonction punitive, assume pleinement sa mission réparatrice. Les gestes apparemment simples – partager un repas, écouter une psalmodie – deviennent alors les pierres angulaires d’un édifice plus vaste : celui d’une société capable de punir sans exclure, de sanctionner tout en préparant l’avenir.
Dans cette alchimie complexe où se mêlent tradition religieuse et modernité pénale, où le sacré rencontre le social, se joue peut-être l’avenir de notre contrat civique. Car chaque jeune qui retrouve le droit chemin, chaque destin réorienté vers la lumière, représente une victoire contre l’engrenage de la récidive – et un pas de plus vers cette justice restaurative qui fait aujourd’hui son chemin dans les consciences.
Mohamed LOKHNATI