Une simple oraison «Adieu l’ami…»
Une Simple Oraison
«Adieu l’ami…»
Par Hassan Najeh
El Jadida, Mazagan ou peu importe le nom de cette portion de la planète que nous occupons et aimons tous a accueilli aujourd’hui dans ses entrailles la dépouille de l’un de ses plus fidèles fils et l’un de ses plus vaillants défenseurs. Cette terre tant aimée par le défunt a fini par épouser son corps en laissant son âme généreuse et affable rejoindre tranquillement l’omniscient, mais hélas en laissant aussi tous ses proches dans un total désarroi devant ce malheur sort apporté précipitamment par l’imprévisible destin.
Je ne dirai point «Ce fut feu Radouane Boussafi», ou c’était le le docteur Boussafi, mais je l’évoquerai en mode présent et je dirais plutôt «C’est Ssi Radouane», car malgré sa mort et la tenue de ses obsèques, ce digne parmi les dignes sera toujours présent parmi ceux qui l’on côtoyé, respecté et aimé durant son court passage parmi nous.
La fatalité l’a rattrapé, certes et sans guère prévenir encore, cela est notre lot inexorable à tous et nous nous en résignons, en tant que simples mortels que nous sommes, mais il faut concéder aussi qu’un tel arrachement reste quoi qu’il en soit dur à accepter quant à la destinée d’un homme d’une telle trempe, un Jdidi de surcroît, un camarade et compagnon pour nombre d’entre nous et surtout un citoyen du monde tel qu’on n’en fait plus.
Pour ses nombreux cercles aussi bien professionnels, caritatifs qu’intimes, son esprit persistera en mode présent. Ejusdem, Il restera également l’ami de tous, de sa ville comme de ses êtres ; de ses collègues praticiens comme des bénévoles œuvrant pour le bien des démunis et infortunés de la région et surtout de ses proches dont il a tout le temps qu’il a vécu fait un si grand cas.
Que des actes de dévouement, que de preuves de désintéressement et que de sacrifices dont les souvenirs ont plané en cette grise journée de décembre autour du convoi mortuaire de feu Ssi Radouane pour rappeler aux présents la valeur de cet homme qui rêvait d’un monde meilleur et qui partit finalement vers lui en laissant son œuvre en mémorial à sa patrie.
Que ne peut pleuvoir en ce triste jour les témoignages de tes nombreux concitoyens qui furent naguère dans le besoin et qui ont eu la bienheureuse chance de tomber sur ta humble personne qui ne lésina point pour leur venir en aide et leur apporter soutien et assistance avec jovialité et commisération et sans contrepartie ou charge de revanche encore.
En l’accompagnant à sa dernière demeure, force fut de constater que malgré les bavettes imposée par cette même pandémie qui l’a happé subitement, les yeux des membres de sa famille et de ses amis qui ont bravé le risque, la psychose et la crainte de cet ennemi commun et constamment aux aguets qu’est le coronavirus, dardaient tous et sans exception le même regard triste, presque vide à part la stupeur et l’incompréhension évidentes devant cet affligeant et inattendu événement.
En ce triste jour, même mère nature sembla fort attristée devant l’inéluctable et a prouvé son chagrin en dépêchant ses éléments qui ont accompagné le cortège funèbre jusqu’à ce que le sol béni de Moulay Abdellah recouvre le corps de notre illustre compagnon. Cette terre qu’il a tant aimée semblait vouloir transmettre à tous une morale intelligible à retenir de la vie puis de la perte d’un tel homme qui avait foi en l’homme, et cela malgré tous ses défauts et en dépit des déceptions qu’il pouvait causer.
Cependant, qu’il ait venté qu’il ait plu et quand bien même le chagrin fût-il immense et le cœur gros, les amis de Ssi Radouane étaient là. Ils étaient là à l’unisson pour rendre comme il se doit un dernier hommage à cet homme de grand qualité et de bon aloi. Un homme brave, cultivé et compétent qui a consenti à tant d’efforts pour améliorer aussi bien les institutions locales de santé que les conditions de ses concitoyens les plus défavorisés, mais surtout un homme qui répondait toujours présent pour ses amis et proches.
Ses intimes se rappellent combien il était enthousiaste lorsqu’il a entamé le projet du grand hôpital d’El Jadida dont il fut le premier directeur et de la ferveur qui se dégageait de ses propos quand il évoquait le rêve qu’il caressait pour sa ville quant à l’avenir de cet établissement. Ce fut la même passion qui le tenaillait lorsqu’il a commencé à travailler dans le cadre de l’association Doukkala ou encire dans celui de la médecine de travail où sa valeur s’est fait sentir près des travailleurs qu’il défendait corps et âme.
Jamais cette flamme d’aider autrui et d’alléger la souffrance des autres ne semblait s’éteindre chez notre valeureux ami car elle a tout le temps été alimentée par sa bonté, son abnégation et surtout son inconditionnel amour pour son prochain et pour sa ville.
Adieu donc l’ami respecté et respectueux de tous, nous te remercions d’avoir vécu à nos cotés et nous saluons ta persévérance de vouloir améliorer notre vécu,
Nous te serons toujours reconnaissant de l’inestimable exemple que tu nous as légué,
Qu’adviennent donc les futures révolutions terrestres, qu’importe que l’espace que tu as tant aimé change et qu’importe le trépas, tu seras toujours vivant dans nos cœurs et dans notre mémoire collective,
Tu incarnera durant le temps de notre passage la personne qui ne disait jamais non en cas de besoin et qui avait toujours un seul mot à la bouche quand il est sollicité «Marhaba».
La ville que tu as tant adulée te sera éternellement reconnaissante pour ce que tu as accompli pour elle, de cela elle en restera fière et te chérira de ce fait à titre posthume comme tu le mérite .
Puisse-tu reposer en paix, ami, et que la douleur de ta disparition n’ombrage en rien le cœur de ta petite et grande famille; à elles, toutes nos condoléances et sympathie en cette terrible épreuve.
«Au tout puissant, nous sommes et au touts puissant, nous retournons»
Hassane Najeh