Le peintre Abdelhadi MOURID
– Ou la voie spontanée comme procédé plastique…
Tantôt il dessine des itinéraires de couleurs, tantôt il laisse les peintures se mélanger automatiquement au support. Et dans les deux cas, des spectres chromatiques surgissent de leur profondeur et dansent au rythme du désir et des intentions de l’artiste, c’est ce dégagent un peu les magnifiques toiles du peintre marocain Abdelhadi MOURID, qui expose à la Galerie de la Fondation Mohammed VI, Rabat jusqu’au 29 Juillet en cours
« Au cours d’une rencontre ramadanesque sereine, indique Brahim EL Haissan, Artiste plasticien et critique d’art physiologiques, Mourid a révélé sa passion pour l’art soufi et la danse Mevlevi sur les traces du grand poète perse Djalâl ad-Dîn Rûmî. Cette danse soufie, d’essence rituelle, exécutée par des derviches, est devenue le centre d’intérêt pictural de l’artiste, mais selon ses abstractions chromatiques suggestives et symboliques. Ces abstractions se fondent aux sources premières et jaillissent en traces variées qui couvrent la surface du support avec l’existence du vide laissé par l’artiste pour créer le possible équilibre visuel. Le vide dans ses tableaux, nouveaux comme anciens, n’est rien d’autre que l’équivalent du plein…Le vide est comblé de signes picturaux révélant le rapport ambigu entre le visible et l’invisible, l’existant et le transitoire, la forme et la non-forme…et bien d’autres dualités qui constituent la vision de l’artiste… »
« Plus nous contemplons les univers d’Abdelhadi Mourid, plus nous y découvrons cette allure aux multiples apparences chromatiques qui pénètrent les quatre éléments naturels de l’univers (Pour Lisân al-’Arab: la couleur est une silhouette comme le rouge et le noir) relève pour sa part le Dr. Abdellah Cheikh, Critique d’art et esthète Casablanca, 22 mai 2022, s’identifiant aux atmosphères visuelles générales des scènes suggestives, qui, à chaque nouvelle œuvre, renouvellent états d’âme et ascensions. C’est l’équivalent symbolique de la danse ailée, le rite de passage d’une impression imaginaire à une autre.
Nous sommes dans un échange éternel entre le haut/élévation et le bas/régression, tel que le requiert le cycle perpétuel du renouvellement: le passage printanier de la mort à la vie, et le passage automnal de la vie à la mort…. »
Et d’ajouter: « Nomade permanent dans les royaumes de la couleur et de la forme, tel un voyageur dont les bagages sont le sens de l’aventure et l’expression débordante, en quête d’autres déserts qui se déférent de l’autocréation.
Abdelhadi Mourid vit et peint sur deux rythmes: le rythme de l’œil alchimique qui a scruté les profondeurs de l’abstraction chromatique lyrique, et le rythme de la mémoire avec tous ses rêves visibles et invisibles. Il excelle à tisser l’harmonie du «dissonant», ouvrant la perception esthétique aux inconnues de la vérité et de l’existence, faisant du récepteur un partenaire qui l’accompagne dans l’aventure des «chemins de bois» de la pensée, selon l’expression de Heidegger, dont nous ignorons le sort.
L’originalité de cette expérience est sa sève et sa vivacité, à la lumière desquelles on ressent l’émerveillement des questions sans se soucier des réponses. Ce sont sans doute des questions d’un autre horizon auquel aspirent les symboles de la nouvelle sensibilité.
C’est ainsi que l’imagination d’Abdelhadi Mourid a créé des êtres chromatiques dépourvus de leur identité fantomatique, des êtres proches de la vie autant qu’ils sont proches de l’existence, et non du néant.
Contrairement à leurs semblables, ces êtres sont capables de voir le monde à travers les couleurs. Ils ne reflètent pas une réalité, mais racontent plutôt un fantasme imaginé, et offrent une représentation visionnaire de l’univers substantielle et polyphonique échappant à toute description et interprétation… conclut le Dr. Abdellah Cheikh Critique…»
